Soixante-deux motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires décorés de deux ponctuations pour plus de la moitié d'entre eux, se trouvent gravés sur les granites de l'Adrar des Iforas, un massif situé au nord-est du Mali en zone saharo-sahélienne. Des motifs comparables sont connus dans les gravures rupestres du Sahara marocain, algérien, libyen et nigérien. Leur vaste distribution étonne autant que leur forme intrigue. Que représentent ces pétroglyphes ? À quelle(s) époque(s) et à quel(s) contexte(s) socioéconomique(s) rattacher leur réalisation ? Leurs caractères propres alliés à des données archéologiques fournissent des éléments de réponse qui, eux-mêmes, orientent les réflexions vers deux autres domaines : d'un côté vers les figures anthropomorphes de la protohistoire européenne sud-occidentale, de l'autre vers les représentations mentales que les sociétés de l'Afrique subtropicale se font du corps humain de sa conception à sa disparition et, parallèlement, des entités invisibles – génies, ancêtres, âmes des défunts, doubles des personnes – censées commander aux destinées individuelles et collectives. Ces approches croisées transforment le regard et ouvrent à des interprétations qui s'éloignent des lectures qui ont été proposées jusqu'ici.