Pendant longtemps, le Maghreb a souvent été envisagé comme une simple limite géographique sur les représentations cartographiques de la Méditerranée, et dont le rôle aurait été invisible ; par conséquent passif durant la protohistoire. De ce fait, la région ne fut pas considérée avec toute l'attention nécessaire dans les recherches consacrées aux dynamiques d'échanges et de contacts inter- et trans-méditerranéens durant cette période. Cette exclusion trouve sa source dans la vision que l'on avait du Maghreb à cette période. L'existence possible d'un âge du Cuivre et du Bronze y a longtemps été négligée voire réfutée. On considère encore aujourd'hui que la métallurgie n'y est apparue qu'avec les premiers colons phéniciens avec l'introduction de l'usage du fer. Ainsi la protohistoire récente ne démarrerait qu'avec l'arrivée de colons, et les populations indigènes n'étant pas envisagées comme des acteurs potentiellement actifs localement, a fortiori à l'échelle de la Méditerranée.
Pourtant, les témoignages archéologiques sont loin d'être inexistants au Maghreb. Des objets, variés dans leurs types et dans leurs formes, en cuivre et en bronze ont été retrouvés du Maroc à la Tunisie. La région a connu aussi un impressionnant phénomène mégalithique ainsi qu'un important art rupestre atlasique.
Le mobilier métallique est cependant peu présent, résultat d'une recherche inégale et dont les biais sont multiples. Néanmoins, certaines morphologies d'objets sont proches de types de cette période au Proche-Orient et en Europe. Que ce soit des éléments campaniformes retrouvés au Maroc ou des indices d'influences argariques venues d'Espagne, il est difficile aujourd'hui d'ignorer le Maghreb comme probable acteur dans les dynamiques d'échanges et de contacts en trans-méditerranéens durant le Chalcolithique et l'âge du Bronze.
Issue d'un travail de Master faisant la synthèse de l'état des connaissances et de la recherche sur la protohistoire au Maghreb, cette communication aura pour objectif d'estimer les possibles contacts maritimes ayant permis l'émergence d'un développement de la métallurgie du cuivre et du bronze au Maghreb, et de commencer à en évaluer l'échelle et l'impact sur les populations maghrébines.
Les indices sont aujourd'hui assez nombreux pour pouvoir affirmer que les anciens préjugés sur la protohistoire maghrébine n'ont plus lieu d'être. Les recherches récentes suggèrent déjà l'existence de zones clés où se serait produit le développement de la métallurgie du cuivre et du bronze, et à partir desquelles une approche multiscalaire permettrait de mieux comprendre la place du Maghreb dans le bassin de la Méditerranée et au-delà, ainsi que l'impact du cuivre et du bronze dans le développement des sociétés protohistoriques maghrébines.
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